
Cette figure décorative de l'escalier renvoie
à l'imagerie médiévale et développe les
caractéristiques du néo-gothique fleuri, mais elle adhère
à une structure architecturale fortement inspirée par
la Renaissance classique. |
19ème édition des Journées
du Patrimoine
Patrimoine et transports à Rambouillet
La maison d'Emile Behague

Né à Roubaix en 1854 (il est le fils de Louis Behague
et d'Adèle Ghestein), EmileBehague reprend à Rambouillet
l'entreprise paternelle de menuiserie. Les premiers locaux, proches
du pont Hardi dans la rue de la Garenne (actuelle rue Patenôtre),
sont cédés à l'huilerie et fabrique de savon
Cornette lorsque l'entrepreneur décide de traverser la rue
pour s'agrandir. Il construit alors une véritable usine dotée
d'une cheminée en brique, usine spécialisée
dans la menuiserie et les parquets, dans la production de meubles
et le stockage de bois d'industrie, usine aussi qui fournira à
l'armée des tables de réfectoire et des caisses à
obus durant la guerre. Pour loger ses cadres et ouvriers (Behague
salarie d'ailleurs ses propres sculpteurs), il développe
un programme de logements installés à la Louvière.
Un ensemble symétrique coupé en six maisons indépendantes
est construit en 1906 dans la rue du Petit-Parc, sur les plans d'un
architecte (peut-être Charles Trubert) que l'état actuel
des recherches ne permet pas d'identifier précisément.
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Jean Blécon (1) remarque que ces logements ne sont plus
attribués à des cadres Béhague en 1914, et
se demande si l'entrepreneur n'a pas envisagé là un
programme immobilier. Une maison rue Baumgarth en 1908, puis en
1930 dix nouveaux logements rue du Petit-Parc prolongée,
seront entre autres édifiés pour le personnel. Attenante
à l'usine, semblable " à ces villas charmantes
qui abritent leurs murs zébrés par les pans de bois
sous les pommiers de la vallée d'Auge, ou élèvent
leurs toits de tuiles et leurs pignons à dentelle de bois,
face à la mer, sur la côte ensoleillée de Trouville,
de Beuzeval et d'Houlgate (2) ", la maison personnelle d'Emile
Behague est érigée en 1915 dans un environnement regroupant
toutes les composantes traditionnelles du parc de château
: remise et maison de gardien, écuries donnant sur la rue
des Eveuses, orangerie, pièce d'eau avec rochers artificiels
et pont " rustique " en faux bois.
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Tous les articles de Patrimoine et transports à Rambouillet.
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Millière
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L'Hôtel de la Motte
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• Le
Rambolitrain ou l'histoire du train jouet
• La
Société historique et archéologique de Rambouillet et de l'Yveline
• La
gare de chemin de fer
• La
maison d'Emile Behague
• Le
château du Vieux-Moulin
• La
ferme de Grenonvilliers
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La modernisation des moyens de transport qui opère un rapprochement
avec la capitale accentue ici le phénomène d'une "
urbanisation " parisienne de la demeure, perceptible tant dans
la tendance à la structuration verticale du logis que dans
les motifs souvent exubérants de la décoration intérieure.
Si les besoins de représentation de la vie bourgeoise génèrent
au rez-de-chaussée un minimum d'espaces officiels, la multiplication
des chambres comme des cabinets de toilette devient une constante
de l'évolution et du confort. Les soubassements, généralement
réservés aux services, sont dévolus au bon
fonctionnement de la vie quotidienne de la maison.
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Vue extérieure de la maison Behague. Collection
de la Résidence Georges Rosset. |
La décoration intérieure obéit chez Emile
Behague au principe de codification des styles de la seconde moitié
du 19ème siècle. Il réserve le style Renaissance
à la salle à manger d'apparat et penche pour le
18ème siècle au salon. Il pousse le raffinement
dans la complémentarité éclectique des références
de l'escalier (avec le style médiéval pour les sculptures
de personnages et d'anges musiciens, puis la référence
au Henri II reconnaissable dans le traitement des balustres, de
la clef pendante, et du plafond à caisson de l'entrée).
Il installe enfin des vitraux de tendance Art Nouveau dans le
dégagement latéral, espace tenant à la fois
du vestibule et du boudoir.
L'ensemble du domaine devient en 1924 la propriété
d'Ernest Langlois et de Félix Potier qui y ouvrent l'hôtellerie
de la Garenne. En 1926, de nouvelles cuisines sont construites.
Le 23 octobre 1948, Vincent Auriol visite la maison de retraite
installée dans les locaux, un établissement que
les Rambolitains connaissent aujourd'hui sous le nom de Résidence
Georges Rosset (association " Le Refuge des cheminots ").
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Premiers garages automobiles à Rambouillet. Quand
l'automobile fait son apparition à partir des années
1890, elle constitue un produit de luxe fabriqué sur commande
et essentiellement destiné aux remises de châteaux ou
d'hôtels particuliers. Puis son développement industriel
la rend accessible à une plus large clientèle, l'ouvrant
notamment aux professions libérales et aux artisans. Alors
qu'en 1907 il n'existe qu'une demi voiture par habitant, un véhicule
pour dix habitants circule en 1940. |

L'intérieur du Garage Central J.W. Liet, 22 rue Nationale.
Collection Daniel Grignon.
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L'explosion du marché automobile, outre des problèmes
de et de stationnement causés en milieu urbain, a pour autres
conséquences l'abandon progressif des chevaux (qui désertent
les boxes d'écuries), et la disparition des enseignes de
commerces hippomobiles.Ces derniers sont encore représentés
à Rambouillet au début du 20ème siècle
: il y a le déménageur Noël Corbin, la fabrique
Emile Targe (13, rue Chasles), la maison Moineaux reprise par Alfred
Guérin (29, rue de la Garenne), les frères Gaillard
aussi (rue Sadi Carnot) qui louent leurs véhicules 5 francs
de l'heure pour une course en ville, 10 francs pour une promenade
en forêt.
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Albert Langeron ( 25, rue du Petit-Parc) se diversifie quant à
lui dans la " fabrique et (les) réparations de voitures
en tous genres ". Dans l'une de ses factures, il déclare
"avoir été à Grenonvilliers démonter
une paire de roues (le 7 octobre 1912)(…), avoir démonté
la chambrière de force, l'avoir découpée et
rajusté les ferrures, posé les colliers, démonté
les chaînes d'attelage, les avoir raccourci, fourni un piton,
taraudé une chaînette avec clavette, démonté
les chaînes d'écartement, redressé un levier
(le 9 novembre 1912)(…), fait une cage de tombereau neuve avec
une paire de roues neuve en utilisant les fers et l'essieu (le 20
février 1913) (3) ".
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La fabrique de voitures hippomobiles Emile Targe, 13 rue Chasles.
Collection Daniel Grignon. |
Mais déjà les garages automobiles et les carrossiers se multiplient.
David Ferrarini ouvre rue Chasles le Nouveau Garage Moderne, vitrine
publicitaire et commerciale de la marque Panhard. La typologie hésitante
de l'architecture de ces garages (qui se traduit généralement
par des halles de fer et de verre pour souligner le caractère
d'avant-garde du produit) se banalise à Rambouillet avec
l'exemple du Garage Central de J.W. Liet (22, rue Nationale), vaste
hangar à la charpente métallique où les beaux
modèles de l'époque (la Lorraine-Dietrich de 15 CV,
la Berliet de 12 CV, etc…) se côtoient.
(1) Conférence de Jean Blécon sur le quartier de la
Louvière, 2001.
(2) Huet (E.), Promenades pittoresques dans le Loiret, 1900, p.
359.
Cette comparaison du château de la Papinière en Sologne
avec les demeures de la côte normande s'impose ici de la même
façon.
(3) Archives de la famille Deschamps, Rambouillet.
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Fiche réalisée à l'occasion de la 19ème édition des Journées
du Patrimoine, sous l'égide de la direction du développement
culturel de la ville de Rambouillet.
Directeur de la publication : Jocelyne Bernard, Directeur
du livre et des archives.
Conception et réalisation : Thierry Liot, Chargé de mission
à la direction du développement culturel.
Tous droits réservés, Direction du développement culturel et Direction
du livre et des archives.
Clichés photographiques sans mention particulière : Collections
des archives municipales de Rambouillet (clichés Thierry Liot)
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Médiathèque Florian, 5 Rue Gautherin 78120 Rambouillet. Tel
: 01 61 08 61 10 |
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