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19ème édition
des Journées du Patrimoine
Patrimoine et transports à Rambouillet
La maison du serrurier du roi

Lorsqu'il s'installe au château en 1783, Louis XVI planifie
la modernisation et l'équipement du bourg de Rambouillet.
Les chantiers du nouveau bailliage (l'hôtel de ville actuel),
de l'hôtel du gouvernement (partiellement remplacé
sous l'Empire par le palais dédié à l'Aiglon),
de la vénerie (rue G. Lenotre), des nouvelles écuries
(le quartier Estienne), modèlent le paysage local et occupent
une main d'œuvre importante.
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Le serrurier Jacques Dablin, intervenu dès 1784 pour le
compte de Louis XVI, d'où son titre de serrurier du roi,
représente l'un des multiples corps de métiers que
ces travaux de grande envergure rassemblent à Rambouillet.
Fils d'Adrien Dablin qui déjà exerce cette profession,
Jacques fait construire sur un terrain acquis en 1787 un immeuble
de prestige, avec une partie destinée à la location
lucrative. L'édifice se distingue par ses ferronneries, notamment
par la rampe d'escalier, le heurtoir de la grande porte, et le garde-corps
du balcon où se détachent les clefs croisées
et les initiales entrelacées des bâtisseurs (J.D. A.B.,
c'est à dire Jacques Dablin et Anne Gabrielle Besson son
épouse). En disparaissant en 1790 à l'âge de
35 ans, le serrurier du roi laisse derrière lui trois enfants,
Adrien, Théodore, Pélagie Désirée, et
une veuve qui se remarie un an plus tard avec un laboureur de Gazeran.
Théodore, seul survivant des enfants Dablin, hérite
du patrimoine familial (terres et maison) qu'il fait fructifier
par leur mise en location, ayant quitté Rambouillet pour
exercer à Paris le métier de quincaillier.
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Tous les articles de Patrimoine et transports à Rambouillet.
• La
Millière
•
L'Hôtel de la Motte
• Le
Relays du château
• Le
Pavillon du Verger
• La
maison du serrurier du roi
• L'église
Saint-Lubin
• Le
Rambolitrain ou l'histoire du train jouet
• La
Société historique et archéologique de Rambouillet et de l'Yveline
• La
gare de chemin de fer
• La
maison d'Emile Behague
• Le
château du Vieux-Moulin
• La
ferme de Grenonvilliers
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En 1813, il est établi à son compte à l'enseigne
de la Cloche d'Or, au coin de la rue Saint-Martin et de la rue Greneta.
Lorsque le jeune Honoré de Balzac s'installe à Paris
en 1819, il est confié à Théodore dont la mère
connaît bien les Sallambier, grands parents maternels de l'auteur.
Le quincaillier (il vit de ses rentes à 40 ans) est sollicité
par Balzac pour ses ennuis d'argent, et il l'aide bien volontiers.
Ce qui ne l'empêche pas de tenir en bon créancier des
comptes rigoureux des sommes prêtées… remboursées
par Madame Hanska à la mort du romancier ! En 1828, ce dernier
lui dédie le manuscrit des Chouans : " A Monsieur Théodore
Dablin, négociant, au premier ami, le premier ouvrage ".
Et c'est en pensant à lui, tout naturellement, que le père
de la Comédie Humaine brosse les traits de Pillerault dans
César Birotteau : " Claude-Joseph Pillerault, autrefois
marchand quincaillier à l'enseigne de la Cloche d'Or, était
une de ces physionomies belles en ce qu'elles sont; costumes et
mœurs, intelligence et cœur, langage et pensée,
tout s'harmonisait en lui (1)".
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Portrait d'Honoré de Balzac par J. Letoula. Collection
Thierry Liot) |

Maison du serrurier du roi. Le balcon.
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Maison du serrurier du roi. Le heurtoir de la grande porte. Collection
Thierry Liot)
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Voyages et littérature à Rambouillet au 19ème
siècle. Si Balzac n'a jamais séjourné à
Rambouillet, il semble bien qu'il s'y soit arrêté toutefois
à maintes reprises pour changer de chevaux, lors de déplacements
le conduisant par la poste de Paris à Angoulême ou
en Touraine. En juin 1836, alors qu'il entreprend un voyage en Bretagne,
accompagné de Juliette Drouet et du peintre Célestin
Nanteuil, Hugo traverse le bourg.
Il se montre quelque peu déçu par le château,
ne retenant dans ses notes qu'une grosse tour encadrée de
méchantes façades. Maintenon, avec son châtelet
à tourelles et son aqueduc ruiné du Grand Siècle,
le séduira davantage. Chateaubriand, dans ses Mémoires
d'outre-tombe, relate les voyages mouvementés à Ram-bouillet
d'un épisode de l'histoire nationale, celui de l'abdication
de Charles X au château : " Charles X partit dans la
soirée pour Rambouillet avec les princesses et M. le duc
de Bordeaux. Le nouveau rôle de M. le duc d'Orléans
fit naître dans la tête du roi les premières
idées d'abdication.Monsieur le Dauphin, toujours à
l'arrière-garde, mais ne se mêlant point aux soldats,
leur fit distribuer à Trianon ce qui restait de vin et de
comestibles.
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A huit heures et un quart du soir, les divers corps se mirent
en marche. Là expira la fidélité du 5ème
léger. Au lieu de suivre le mouvement, il revint à
Paris : on rapporta son drapeau à Charles X, qui refusa de
le recevoir, comme il avait refusé de recevoir celui du 50ème
. Les brigades étaient dans la confusion, les armes mêlées
; la cavalerie dépassait l'infanterie et faisait ses haltes
à part. A minuit, le 31 juillet expirant, on s'arrêta
à Trappes. Le Dauphin coucha dans une maison en arrière
de ce village.
Le lendemain, 1er août, il partit pour Rambouillet, laissant
les troupes bivouaquées à Trappes. Celles-ci levèrent
leur camp à onze heures. Quelques soldats, étant allés
acheter du pain dans les hameaux, furent massacrés. Arrivée
à Rambouillet, l'armée fut cantonnée devant
le château (…). Le bruit se répandit le 2 au soir
à Paris que Charles X refusait de quitter Rambouillet jusqu'à
ce que son petit-fils eut été reconnu. Une multitude
s'assembla le 3 au matin aux Champs-Elysées, criant : "
A Rambouillet ! à Rambouillet! Il ne faut pas qu'un seul
Bourbon en réchappe " (…).
A dix heures du soir (le 3 août), on fait sonner le boute-selle
; tout le camp se met en marche pour Maintenon, Charles X et sa
famille marchant au milieu de la colonne funèbre qu'éclairait
à peine la lune voilée.
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François René de Chateaubriand. Collection
Thierry Liot) |
Et devant qui se retirait-on ? Devant une troupe presque sans
armes, arrivant en omnibus, en fiacres, en petites voitures de Versailles
et de Saint-Cloud (…). Dans les champs de Rambouillet, en rase
campagne, il eut fallu aborder le feu de la ligne et de l'artillerie
(…). Entre la victoire du peuple à Paris et la victoire
du roi à Rambouillet, des négociations se seraient
établies (2) ".
(1)Lacout (M.), " Balzac et Rambouillet, Théodore Dablin,
le premier ami de Balzac ", Cahiers de la SAVRE, n° 11,
avril 1993, p. 21.
(2)Chateaubriand (F.R. de), Mémoires d'outre-tombe, tome
3, le Livre de poche, 1973, pp. 217-224.
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Fiche réalisée à l'occasion de la 19ème
édition des Journées du Patrimoine, sous l'égide
de la direction du développement culturel de la ville de
Rambouillet.
Directeur de la publication : Jocelyne Bernard, Directeur
du livre et des archives.
Conception et réalisation : Thierry Liot, Chargé
de mission à la direction du développement culturel.
Tous droits réservés, Direction du développement
culturel et Direction du livre et des archives.
Clichés photographiques sans mention particulière
: Collections des archives municipales de Rambouillet (clichés
Thierry Liot)
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Médiathèque Florian, 5 Rue Gautherin 78120
Rambouillet. Tel : 01 61 08 61 10 |
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