
Terrasse du Relays du château à la Belle Epoque. Collection
Daniel Grignon |
19ème édition
des Journées du Patrimoine
Patrimoine et transports à Rambouillet
Le Relays du château

Il existe en France environ 800 relais de poste vers 1700. Plus
de 600 nouveaux établissements ouvrent au cours du 18ème
siècle, puis autant encore au 19ème.
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Le chemin de fer, en réduisant les distances, révolutionne
des comportements et des habitudes de voyage qui se perpétuaient
depuis le 16ème siècle, et tue peu à peu les
relais.
La rue pavée du vieux bourg de Rambouillet, longtemps bordée
d'enseignes aux noms évocateurs (la Belle Image, le Cheval
Rouge, le Mouton, le Cygne, l'Image Saint-Martin,…), laisse
imaginer l'encombrement qui existe aux 17ème et 18ème
siècles lorsque, les jours de marché, les voitures
postales se croisent. Achetées par Jean-Baptiste Fleuriau
d'Armenonville entre 1695 et 1705, les deux enseignes de la Rose
Blanche et du Mouton sont réunies pour former la poste aux
chevaux du Mouton. L'établissement est situé entre
l'église, les halles, le parc du château, et il se
développe autour d'une cour intérieure. Le corps de
logis à deux niveaux sous comble s'ouvre sur la rue par un
porche de 2,40 mètres et forme un retour à l'Ouest.
L'aile Est, dont l'extrémité abrite les commodités,
se compose d'un seul rez-de-chaussée. Au fond de la cour,
au Sud, des écuries peuvent contenir une quarantaine de chevaux.
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Tous les articles de Patrimoine et transports à Rambouillet.
• La
Millière
•
L'Hôtel de la Motte
• Le
Relays du château
• Le
Pavillon du Verger
• La
maison du serrurier du roi
• L'église
Saint-Lubin
• Le
Rambolitrain ou l'histoire du train jouet
• La
Société historique et archéologique de Rambouillet et de l'Yveline
• La
gare de chemin de fer
• La
maison d'Emile Behague
• Le
château du Vieux-Moulin
• La
ferme de Grenonvilliers
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L'inventaire après décès d'Edme Marcelle,
maître de poste disparu en 1720 dans cette maison du Mouton,
permet un état des lieux : un corridor, une salle basse,
une cuisine, un fournil, dix chambres, trois greniers, deux caves,
une cour, un jardin, deux écuries. La disparition du Mouton
au 18ème siècle (l'hôtellerie attenante du Cygne
est déjà rasée par Fleuriau d'Armenonville
qui réaménage l'accès au château mais
l'enseigne est reprise par un autre établissement) engendre
le transfert du relais de poste de l'autre côté de
la rue, dans ce qui deviendra au 20ème siècle le Relays
du château.
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L'histoire du Relays débute dans le second quart du 18ème.
Angélique Salby, l'épouse du tailleur d'habits parisien
Paul Martin, hérite en 1720 de son père, propriétaire
à Rambouillet. Suite à cet héritage, auquel
s'ajoutent quelques acquisitions de parcelles complémentaires,
le commerçant obtient de construire l'édifice actuel
(l'un des premiers exemples d'immeuble rambolitain à deux
étages) en 1726.
Il le destine à la location, installe des boutiques au rez-de-chaussée,
choisit pour enseigne l'Image Saint-Martin en souvenir du patron
de la corporation des tailleurs, nom qu'il s'attribue par ailleurs
en se faisant appeler Paul Martin, sieur de Saint-Martin. Louis
XVI acquiert l'immeuble le 5 juillet 1784 pour 90 000 livres, y
loge la poste aux chevaux et la poste aux lettres, l'épicier
Grou dont la boutique était auparavant installée au
Mouton, et aussi une partie du personnel attaché au château
(le receveur des domaines, le valet journalier de Sa Majesté,
ou encore le gondolier Palmarin chargé des gondoles circulant
sur les canaux).
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Le Relays du château |
Ce bien de la liste civile du roi est vendu aux enchères
à la Révolution, et il est adjugé à
l'aubergiste Chassot. La poste aux chevaux déménage
au début du 19ème pour l'actuelle avenue du Maréchal
Leclerc, mais l'auberge tient table ouverte. L'ancienne Image Saint-Martin
devient dans les années 1900 le Café du Parc.
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L'intérieur du Relays du château. Collection
Daniel Grignon
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Et lorsque le chef de cuisine
Nivet reprend l'affaire, il en fait la désormais célèbre
auberge du Relays, où Maurice Ravel vient déjeuner le
dimanche quand il se trouve à Montfort. Après la guerre,
un directeur d'hôtel parisien, Lothaire, rachète l'établissement.
Egalement propriétaire à Rambouillet du Grand Veneur,
il ouvre au Relays du château une dizaine de chambres (1).
Dans la proximité immédiate de l'ancienne église
Saint-Lubin, face au château, l'édifice borde une cour
intérieure renfermant jadis des écuries et des locaux
de service affectés aux postillons et palefreniers. Le décor
des salles de banquet, par l'appareillage mural, les lustres en fer
forgé, la cheminée et les colonnes à chapiteaux
sculptés, constitue un rare témoignage néo-médiéval
de l'architecture civile rambolitaine. |
Un bourg sur la route de Paris à Chartres au 18éme
siècle. Le bourg de Rambouillet, englobé sous
l'Ancien Régime dans la généralité d'Orléans,
profite à la fin du 18ème siècle des améliorations
apportées par Turgot aux conditions de circulation. Ce dernier
a l'idée d'atteler aux diligences des chevaux de poste jusqu'alors
réservés aux chaises de luxe et courriers porteurs
de correspondance. A partir de 1775, des diligences d'un nouveau
genre (les turgotines), légères et rapides, permettent
la circulation nocturne en forêt grâce à la protection
de deux cavaliers de la maréchaussée. La multiplication
explosive des transports de voyageurs en l'espace de 50 ans n'est
pas sans bousculer les habitudes et les acquis de certains. Si l'on
accusa ce développement de ruiner les auberges, en réduisant
le temps des voyages, on fit aussi de Turgot un adepte de l'athéisme,
" parce que des horaires ne permettaient plus aux postillons
et aux (…) ( passagers) d'assister à la messe, contrairement
à ce qui était prévu par les anciens cahiers
des charges (2) ". La nouvelle route de Paris à Chartres
par Trappes et Rambouillet, qui se substitue à l'itinéraire
Paris-Chartres par Palaiseau, Bonnelles et Saint-Arnoult, voit s'accentuer
le rythme de son trafic à l'aube de la Révolution.
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La rue Lachaux, jadis traversée par les diligences. |
(1) Informations communiquées par M. Pierre
Quémard, qu'il convient ici de
remercier.
(2) Reverdy (G.), Histoire des routes de France du Moyen Age à
la Révolution, Presses de l'Ecole Nationale des Ponts et
Chaussées, Paris, 1997, p. 155.
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Fiche réalisée à l'occasion de la 19ème
édition des Journées du Patrimoine, sous l'égide
de la direction du développement culturel de la ville de
Rambouillet.
Directeur de la publication : Jocelyne Bernard, Directeur
du livre et des archives.
Conception et réalisation : Thierry Liot, Chargé
de mission à la direction du développement culturel.
Tous droits réservés, Direction du développement
culturel et Direction du livre et des archives.
Clichés photographiques sans mention particulière
: Collections des archives municipales de Rambouillet (clichés
Thierry Liot)
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